Roulons En Ville à Vélo
CONSEILS
L’éclairage passif des vélos
La meilleure solution pour être vu !
Quand on parle de l’éclairage des vélos on entend souvent un éclairage actif, c’est à dire électrique alimenté par sa propre source d’énergie, et rarement un éclairage passif. Or les deux sont indispensables, car un éclairage actif aussi perfectionné soit-il n’est jamais à l’abri d’une panne ou d’un oubli, et un éclairage passif bien conçu peut offrir une efficacité bien supérieure dans le faisceau des phares automobiles.
La réglementation concernant l’éclairage des vélos
La réglementation concerne les vélos vendus neufs (l’obligation revient au revendeur) et les vélos en circulation (l’obligation revient au cycliste).
La législation impose :
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un phare et un catadioptre blanc devant
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un phare et catadioptre rouge derrière
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un catadioptre orange dans chaque roue
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un catadioptre orange sur chaque face de chaque pédale
Cela est inscrit dans un texte de loi. Cependant il n’existe pas de norme sur ces équipements (contrairement aux gilets haute visibilité), ce qui constitue une lacune que la FUBicy s’efforce de rappeler au législateur.
Cette législation s’applique sans distinction même aux vélos destinés à un usage sportif, ce qui fait que les vendeurs les équipent d’éclairages à pile (souvent livrés sans les piles !) clipsables, à bon marché, que les acheteurs s’empressent de démonter aussitôt. Il n’empêche qu’une sortie peut toujours se terminer la nuit suite à une avarie mécanique ou autre fringale.
Depuis juillet 2008 tout cycliste circulant hors agglomération, la nuit ou en condition de visibilité insuffisante, doit être équipé d’un gilet haute visibilité conforme à la norme CE (le sigle CE doit apparaître sur le gilet).
Ce type de vêtement, de couleur fluorescente avec des bandes rétro-réfléchissantes, constitue un éclairage passif, avec l’avantage d’améliorer aussi la visibilité de jour.
Cependant aujourd’hui l’offre en vêtements haute visibilité homologué CE se borne aux gilets qui ne sont pas des plus ergonomiques pour les cyclistes, urbains ou sportifs. Cet équipement supplémentaire n’est pas non plus facile à ranger sur le vélo d’où le risque d’oubli ou de manque en cas de besoin inopiné.
On peut espérer qu’avec la nouvelle législation les industriels mettront sur le marché des vêtements homologués CE plus adaptés à la ville ou à une pratique sportive, avec une allure plus élégante et une coupe plus ergonomique, ainsi que des capes de pluie homologuées.
En attendant on peut équiper son vélo d’un bon éclairage passif, certes pas aussi efficace qu’un gilet, mais en permanence sur le vélo et auquel on n’a plus besoin de penser une fois posé.
L’éclairage actif
Définition
Il s’agit d’un dispositif émettant sa propre lumière grâce à une source d’énergie embarquée (dynamo, pile, batterie, dispositif inductif, etc.). Aujourd’hui tous ces éclairages sont électriques.
Objectif
L’objectif de l’éclairage actif est de voir et d’être vu.
Pour voir il faut produire un faisceau suffisamment intense et éclairant vers l’avant une zone assez large pour maîtriser l’équilibre et anticiper les obstacles. Cela demande une source d’énergie puissante et une bonne qualité d’optique.
Pour être vu il faut émettre la lumière dans toutes les directions d’où provient le danger, en fait tout le plan horizontal.
Problématique
Un éclairage actif puissant et fiable coûte plus cher et est surtout difficile à trouver. La plupart des vélos en France sont équipés du minimum légal, de piètre qualité, peu fiable.
La solution la plus efficace est la dynamo intégrée dans le moyeu de roue avec des phares à diode et à accumulateur pour conserver la lumière à l’arrêt (comme les VLS).
Un dossier complet sur le sujet est en ligne sur le site de la FUBicy
L’éclairage passif
Définition :
Il s’agit d’un dispositif renvoyant naturellement la lumière dans la direction d’où elle vient, ne nécessitant pas sa propre source d’énergie. On parle de surface « rétro-réfléchissante » (contrairement à une surface réfléchissante ou « miroir » qui renvoie la lumière dans une autre direction). La lumière est réfléchie uniquement dans la direction de l’émetteur, ce qui fait que celui ci-reçoit en retour une forte intensité lumineuse.
Lorsqu’un vélo équipé d’un éclairage passif est placé dans le faisceau des phares de voiture, la lumière réfléchie est concentrée dans la direction de l’automobiliste, qui de ce fait remarque très nettement la présence du cycliste.
Toutes les signalétiques utilisées pour les aménagements routiers utilisent des peintures rétro-réfléchissantes pour être visibles et lisibles la nuit dans les phares des voitures : Panneaux, bandes de peinture sur la voie, plots en plastique, rambardes, poteaux, etc. Disséminé sur tout le réseau routier Français, cela représente des km² de surface rétro-réfléchissante. On peut donc supposer que le matériau, ramené au cm², n’est très onéreux, du moins pas autant que celui des équipements rétro-réfléchissant disponibles aujourd’hui sur le marché.
Avantages de l’éclairage passif :
Comparé à un éclairage électrique les avantages d’un éclairage passif sont multiples :
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Léger (ni piles ni dynamo)
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Silencieux (pas de frottement)
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Pas de résistance à l’avancement (contrairement à une dynamo)
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Discrets (de jour J)
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Très peu onéreux (en théorie)
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Opérationnel même à l’arrêt (ne nécessitant pas de source d’énergie)
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Pas de panne (si les équipements sont bien posés)
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Entretien minimal (nettoyage de temps en temps)
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Un éclairage passif s’oublie, mais reste sur le vélo en toute circonstance
Inconvénients :
- Esthétique à améliorer
- Difficulté à trouver ces équipements à des prix compétitifs
- Pas d’inconvénient pratiques connu à ce jour !
NB : Il s’agit bien d’un complément à un éclairage actif, et non d’une alternative
Les différents dispositifs d’éclairage passif
Catadioptre : Définition
Un catadioptre est un accessoire en plastique transparent contenant des cellules rétro-réfléchisssantes. Chaque cellule est constituée de 3 mini-surfaces réfléchissantes (miroirs) perpendiculaires taillée dans le matériau, qui par le jeu des réflexions multiples renvoient chaque rayon de lumière dans la direction d’arrivée.
Remarque : les peintures rétro-réfléchissantes contiennent des micro-cellules basées sur ce principe.
Catadioptres intégrés dans l’éclairage actif
Ils sont obligatoires, blanc devant et rouge derrière (comme le phare).
Aujourd’hui tous les phares de vélo intègrent un catadioptre dans ou autour de l’optique.
Les phares arrières actuels, fixés aux portes bagages, offrent une surface très importante, ce qui fait qu’ils sont plus visibles dans les phares de voiture que le phare électrique du vélo lui même.
Les phares avant anciens (avant les années 90) n’en sont pas équipés.
Catadioptres avant ou arrière
Du fait que la législation impose des phares, on ne trouve plus de catadioptre simple pour l’avant ou l’arrière. Ils équipaient naguère les vélos de course ou VTT destinés à un usage sportif. Mal fixés et peu esthétiques ils étaient généralement vite démontés par l’utilisateur, s’ils n’étaient pas perdus en route.
Catadioptres de roues
Ils sont obligatoires. Ils sont clipsés dans les rayons. On en met souvent une paire par roue pour éviter les balourds.
L’inconvénient des ces catadioptres est que le plastique a tendance à devenir cassant avec le temps et qu’avec la force centrifuge ils finissent tôt ou tard par être éjectés de la roue (avec grand fracas !)
Catadioptres de pédales
Ils sont intégrés dans les pédales en plastique et sont bien protégés.
Lorsqu’il s’agit de pédales en métal traditionnelles ils sont vissés, avec le risque d’être cassés voir démontés.
Sur les pédales à cale pieds ils sont souvent absents du côté avant.
Il n’en existe pas pour les pédales automatiques, ce qui constitue une entorse à la législation.
Bande réfléchissante sur les pneus
Certains pneus ont une bande de peinture rétro-réfléchissante sur chacun de leur flanc. Dans les phares des voitures cela crée deux cercles lumineux, permettant aux automobilistes de repérer le cycliste sans ambiguïté, latéralement, de loin, même à l’arrêt.
Cet équipement n’est pas obligatoire mais devrait être recommandé.
Les pneus des vélos de ville haut de gamme (vélo hollandais) et des vélos de location VLS en sont dotés. Un vélociste spécialisé dans les vélos de ville et VAE m’a assuré que le surcoût est nul. Cependant je n’en ai jamais trouvé en grande surface, et rarement en magasin spécialisé.
On peut même se demander pourquoi on en trouve pas sur tous les pneus, voire pourquoi cela n’est obligatoire.
Cercles réfléchissant dans les rayons
J’ai acheté cet accessoire il y a une dizaine d’année chez Go Sport, pour 15 euros (~100 FF à l’époque). Cet accessoire remplace la bande de peinture réfléchissante sur les pneus avec le même résultat (voir photo).
J’ai trouvé cela cher pour ce que c’est (deux tubes de 1.80 m en plastique transparent avec la peinture rétro-réfléchissante à l’intérieure) mais justifié par rapport au service rendu. Depuis je n’en ai plus revu, sans doute à cause du prix dissuasif. Ceci-dit l’alternative consiste à changer ses pneus, pas forcément usés, pour des pneus neufs à bande rétro-réfléchissante coûterait le double (pneus à 15 euros). Et puis avec ces cercles on a plus de choix pour les pneus.
Bâtonnet de rayon
On trouve désormais l’équivalent des cercles réfléchissants sous forme de bâtonnets de 8 cm clipsables sur les rayons. Il s’agit d’un produit allemand, Sekuclip de la marque Buchel, que j’ai trouvé chez le vélociste spécialisé. Le kit coûte 24 euros pour équiper tous les rayons d’un vélo (2 x 36 rayons) mais on peut équiper 1 rayon sur 2 voire sur 4, ce qui permet d’équiper 2 ou 4 vélos pour le même prix.
Ce produit utilise la technologie Scotchlite (marque déposée) de la société 3M.
Adhésifs rétro-réfléchissants
C’est la solution la plus discrète, on peut en mettre partout : Sur le cadre, les garde boues, le porte-bagages, le siège enfant, les sacoches, le casque (en rase campagne), etc.
Cet équipement peu équiper même les vélos « épurés » des sportifs sans gêne, sur la fourche, le pivot, le tube de selle et les haubans (et le casque !). Pour le côté esthétique il faut une pose soigneuse et de préférence sur un cadre de couleur claire. On peut se demander pourquoi les surfaces rétro-réfléchissantes ne sont pas intégrées dans la peinture d’origine.
Pour équiper idéalement un vélo il faut :
Devant :
2 x 25 cm sur la fourche
10 cm sur le pivot
10 cm sur la potence
2 x 5 cm sur le guidon
Derrière
10 cm sur la tige de selle
20 cm sur le garde boue
2 x 20 cm sur les haubans
Total : 150 cm
On préférera un adhésif de largeur 2 cm pour avoir plus de surface.
On trouve chez les marchands de bricolage au rayon adhésifs un ensemble de deux rouleaux de la marque Plasto, un adhésif rouge fluorescent et un adhésif rétro-réfléchissant, chacun de 50cm sur 2 cm de large, au prix de 8 euros. Il y a quelques années ce produit était au même prix mais avec 150 cm de chaque couleur !
Renseigné auprès de divers marchand de cycles et après quelques vaines tentatives, un autre produit existe, toujours chez le vélociste spécialisé.
De même, il s’agit d’un produit allemand de la marque Fasi, d’un coût de 6 euros pour un ruban adhésif de 100 cm sur 1.5 cm, soit moitié moins cher que le produit Plasto ramené au cm².
Ce produit utilise aussi la technologie Scotchlite de 3M, décidément incontournable
On peut regretter l’étroitesse de l’offre et le coût élevé ramené au cm².
Bande réfléchissante sur les bagages
La plupart des sacoches à vélos vendus aujourd’hui sont équipées de bandes réfléchissantes textiles cousues ou collées sur le tissu. Cela permet de profiter des sacoches pour offrir une surface réfléchissante plus importante sur le vélo, notamment vers l’arrière ou l’avant.
Les sacs à dos, pratiques pour garder ses affaires sur soit en ville, sont parfois munis de bandes réfléchissantes vers l’arrière, comme les cartables des écoliers. Cependant aucun ne propose de bande sur les lanières pour la visibilité par-devant. Le concept de sac à dos-gilet fluo reste à inventer !
On trouve aussi sur le marché du tissu rétro-réfléchissant à coudre, mais il vaut mieux récupérer les bande sur un gilet à 5 euros car cela revient nettement moins cher.
Coût d’un éclairage passif - Exemple
Entretien d'un vélo
« Une voiture ça se nettoie, un vélo ça se bichonne »
Traité de Vélosophie, Didier Tronchet
Et oui, un vélo ça s’entretient et un nettoyage de temps en temps ça ne fait pas de mal. La poussière de caoutchouc, très salissante, produite par l’usure des patins se dépose sur le vélo et finit à la longue par atténuer voire masquer toutes les surfaces réfléchissantes. Un coup de chiffon sec suffit à enlever cette saleté, ce qui vous évitera aussi des tâches noires sur les pantalons lorsque la pluie s’en mêle.
A noter, les freins à tambour (comme sur les VLS) ou à disque sont beaucoup moins salissants, donc préférable en ville.
et (nouveau) Comment entretenir son vélo électrique ?
Cliquer sur le lien et conseils du journal "Que Choisir" ICI
Etre vu de jour
Ëtre vu de jour n’est pas si évident que cela. Les automobilistes ne regardent pas toujours dans la direction de leur trajectoire, se fiant à leur champ de vision latéral, suffisant pour détecter un autre véhicule mais pas pour repérer un cycliste. Dans ce cas un gilet fluo attire davantage l’attention des conducteurs. Heureusement avec un peu d’expérience on finit par connaître les automobilistes dont la psychologie est somme-toute très sommaire, et en tirer le réflexe de toujours les regarder dans les yeux et en cas de doute se manifester par des gesticulations des bras et en les interpellant de vive voix.
Mis à part les gilets, les vêtements fluorescents pour la visibilité de jour ne sont pas légions, sans doute à cause de la mode qui ne va pas toujours dans le sens de la sécurité.
Conclusion
Equiper son vélo d’un bon éclairage passif est simple et ne devrait pas coûter très cher. Une fois posé cela nous rend visible à notre insu et de manière fiable.
Les traditionnels catadioptres imposés par la législation ne sont pas forcément la panacée, les bandes réfléchissantes sur les pneus ou bâtonnets réfléchissant dans les roues et les adhésifs sur le reste sont à recommander.
Un équipement idéal revient aujourd’hui à une quinzaine d’euros. Le coût tient surtout aux circuits de distribution actuels, pas assez répandus pour faire baisser les prix. Gageons que si le marché se développe nous trouverons une offre plus diversifiée et moins chère. Et pour cela il faut encourager la demande en faisant connaître les avantages et la nécessité de ces équipements.
L’équipement en usine des vélos avec des surfaces rétro-réfléchissantes permanentes sur les pneus, le cadre ou les gardes boue ne coûterait sans doute que quelques euros supplémentaires et apporterait un suppléments de sécurité indéniable. L’obligation de cet équipement sur les vélos neufs est donc souhaitable, car se serait le moyen le plus efficace pour arriver à une généralisation, sans grever le budget des cyclistes.
Ce serait une mesure plus pertinente que le gilet obligatoire qui constitue une contrainte forte dont on est pas sûr qu’elle puisse être toujours respectée.
Nicolas MARTIN - Président de l'Association R.E.V.V. (Roulons En Ville à Vélo)
Article écrit pour la revue Vélocité de la FUB en 2011, avec photos.